Dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde (PR), il existe des interactions multiples entre le déterminisme de la maladie, les traitements prescrits, les infections et les vaccins. On sait que la PR, a elle seule, favorise certaines infections comme les infections pulmonaires (pneumocoque, Haemophilus), les cellulites, les ostéomyélites et arthrites septiques (staphylocoque), et les bactériémies diverses principalement. De plus, les traitements (cortisone, immunosuppresseurs, biothérapies, ..) qui sont prescrits pour soulager cette maladie invalidante peuvent aggraver ce phénomène avec des risques surajoutés d’infections opportunistes (pneumocystose, nocardiose, cytomégalovirus, tuberculose de réactivation).

 

D’autre part, on sait que certains vaccins peuvent éviter certaines maladies potentiellement graves. L’objectif est donc de trouver un compromis pour chaque patient et d’adapter le programme de vaccination individuelle « sur mesure ». Le vaccin est une substance issue d’un microbe (tout ou partie) que l’on va injecter pour qu’il induise, chez la personne, un système de défense (réponse immunitaire) le plus proche possible de celui qu’aurait conféré la maladie elle même. L’organisme garde alors une mémoire qui va vous protéger lorsque vous serez en contact ultérieurement avec le vrai microbe. La durée et l’intensité de cette réponse immunitaire sont liées très souvent à l’adjonction d’adjuvants qui servent de « booster ».

 

Il existe différents types de vaccins que sont les vaccins vivants atténués, les vaccins tués inactivés, les anatoxines, et les fractions antigéniques purifiées ou polysaccharidiques. Mais pour résumer il en existe 2 grands types que sont les vaccins inactivés (diphtérie, tétanos, coqueluche, pneumocoque, hépatites, ...) le plus souvent sans aucun risque et les vaccins vivants atténués (BCG, fièvre jaune , rougeole, varicelle, ...) qui eux peuvent avoir des effets secondaires dans la PR.

 

Bien entendu, nous ne parlerons pas des effets secondaires assez fréquents mais mineurs que sont la fièvre, la douleur et le granulome au point d’injection, la fatigue transitoire et des polyalgies transitoires (quelques jours). Certains effets secondaires plus graves restent exceptionnels (moins de 1 sur 10 000 vaccinations). Il s’agit de choc anaphylactique, de convulsions ou de méningite principalement. Ils sont totalement imprévisibles et sans séquelles le plus souvent.

 

 

Dans la PR, l’efficacité de la majorité des vaccins est bonne, tant en intensité qu’en durée. Et ceci même si une thérapeutique immuno-suppressive est instaurée. Dans certains cas, on pourra toutefois être amené à faire des rappels plus fréquents. Pour décider, on pourra s’aider, dans certains cas, des dosages d’anticorps dans le sang et ne faire les rappels que lorsque le taux d’anticorps baisse ou devient limite. Que ce soit pour les effets secondaires ou l’efficacité, il existe des variations individuelles qui sont liées à notre patrimoine génétique (groupage HLA entre autres).

Quelques vaccinations sont très importantes. De principe, et par souci de précautions, il ne faut pas vacciner pendant ou juste au décours d’une poussée de la maladie. Un délai de 3 à 6 mois est raisonnable. Et il est préférable de commencer la vaccination dès le diagnostic de la maladie et ne pas attendre d’être sous traitements immunosuppresseurs. Les vaccins inactivés ou polysaccharidiques sont sans aucun risque. Ce sont les plus nombreux et les plus importants. Bien entendu, les vaccinations contre le tétanos, la diphtérie, la poliomyélite, l’Haemophilus, et la coqueluche sont la base du pro- gramme vaccinal. Il faut y rajouter la vaccination anti pneumococcique tous les 3 à 5 ans, et la vaccination anti grippale tous les ans (quelque soit l’âge).

 

Les vaccinations contre l’hépatite B et le méningocoque sont souhaitables chez les personnes à risque (professionnels à risque, vie en collectivité, voyageurs fréquents, ....). Pour les vaccins vivants, ils sont contre indiqués de principe dans la PR et notamment lorsqu’il y a un traitement par immunosuppresseurs (Methotrexate), une biothérapie (anti-TNF) et lors d’une corticothérapie à plus de 10 mg par jour. Si vous devez bénéficier de ce type de vaccin, il faut arrêter les traitements précités pendant au moins 3 mois avant mais 6 mois c’est mieux.

 

C’est le cas du ROR (rougeole, oreillons, rubéole) notamment du fait d’une recrudescence actuelle de ces maladies potentiellement graves (rougeole surtout et rubéole chez les femmes en âge de procréer). C’est le cas également de la vaccination anti amarile (fièvre jaune), si vous devez voyager dans des zones à risque (zones intertropicales de l’Afrique et de l’Amérique du Sud). Certains autres vaccins (papillomavirus et varicelle notamment) sont à discuter selon les cas mais les indications sont peu fréquentes dans la PR. Dans les cas de voyages également (mais pas forcément en zone tropicale), d’autres vaccins sont conseillés et notamment la typhoïde, l’hépatite A et la méningite à méningocoque. Ces 3 vaccins sont sans danger dans la PR quelque soit le traitement.

Pour tous les autres vaccins, vous pouvez prendre contact vous-même ou votre rhumatologue, avec un centre de vaccinations internationales ou un spécialiste en infectiologie, et ce bien avant votre voyage de façon à réévaluer votre programme vaccinal dans les délais nécessaires. Selon les cas, et pour savoir si un vaccin déjà effectué a été efficace ou s’il l’est encore, on peut vous proposer de faire un dosage d’anticorps post vaccinal dans le sang. C’est simple !

 

Par ailleurs, si vous avez une contre indication formelle à un vaccin important, on peut parfois vous proposer de faire vacciner votre entourage proche qui serait susceptible de vous transmettre la maladie.

 

Dr Stéphane Sire, Responsable de l’unité des maladies infectieuses et tropicales. Centre Hospitalier de Cahors