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» Modernisation de la profession infirmière : ce que change la loi pour les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde

Le 10 mars 2025, l'Assemblée nationale a adopté une proposition de loi portée par la députée Nicole Dubré-Chirat, visant à moderniser la profession infirmière en France. Cette réforme ambitieuse redéfinit les missions des infirmier.ère.s et élargit leurs compétences. Elle répond à un double constat : l'aggravation des difficultés d'accès aux soins, et le manque croissant de personnel médical dans certaines régions.

 

Une reconnaissance élargie des compétences infirmières

 

La loi redéfinit le rôle des infirmier·ère·s autour de cinq missions socles :

 

  • La réalisation de soins curatifs, palliatifs, relationnels et de surveillance clinique ;

  • Le suivi du parcours de santé des patients et leur orientation ;

  • La prévention, incluant le dépistage et l’éducation thérapeutique ;

  • La formation des pairs ;

  • La participation à la recherche en soins infirmiers.

 

Elle introduit également la consultation infirmière et le diagnostic infirmier, deux notions jusqu’ici absentes du Code de la santé publique. Les infirmiers pourront désormais évaluer l’état de santé d’un patient dans leur champ de compétences, en autonomie.

 

Vers un accès direct facilité

 

La loi introduit également une expérimentation de l’accès direct aux soins infirmiers dans cinq départements pendant trois ans. Cela signifie que les patients pourront, dans certaines structures pluriprofessionnelles (comme les maisons de santé), consulter un·e infirmier·ère sans passer d’abord par un médecin, ni avoir besoin d’une ordonnance préalable.

 

Concrètement, une personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde pourrait se rendre directement auprès d’un·e infirmier·ère pour une évaluation, des soins, un suivi ou des conseils, en première intention. Ce modèle vise à faciliter l’accès aux soins dans les territoires sous-dotés en médecins et à valoriser les compétences infirmières de proximité.

 

Cette mesure s’ajoute à la création de la consultation infirmière, à la reconnaissance du diagnostic infirmier, et à l’élargissement du droit de prescription, trois évolutions majeures qui renforcent l’autonomie et la capacité d’action des soignant·e·s au quotidien.

 

De plus, le texte élargit les domaines d’intervention des infirmiers en pratique avancée (IPA), en les autorisant à intervenir dans des services de santé publique tels que la PMI, la santé scolaire ou l’aide sociale à l’enfance.

 

Un droit de prescription élargi

 

Autre nouveauté : les infirmiers pourront prescrire certains produits de santé, dans des conditions encadrées par arrêté ministériel. Ce droit de prescription, régulièrement mis à jour, permettra un gain de temps précieux pour les patients atteints de maladies chroniques nécessitant un suivi régulier et des ajustements de traitement.

 

Ce que cela change pour les patients atteints de PR

 

Pour les personnes vivant avec une polyarthrite rhumatoïde, cette réforme ouvre de nouvelles perspectives :

 

Un accès plus rapide à un professionnel de santé formé, capable d’intervenir en première ligne, notamment en cas de poussée inflammatoire ou de besoin urgent de conseil ;

 

Un suivi plus fluide, notamment sur les aspects éducatifs, préventifs et relationnels du soin ;

 

Une meilleure coordination entre les professionnels, si les nouvelles missions s’intègrent efficacement dans les équipes de soins.

En reconnaissant les compétences réelles des infirmiers, cette loi pourrait améliorer la continuité du parcours de soins et réduire la pression sur les médecins généralistes et spécialistes.

 

Mais la réussite dépend des moyens

 

Nous partageons les espoirs que porte cette réforme, mais aussi les inquiétudes soulevées par plusieurs acteurs du secteur infirmier. Sans formation renforcée, sans revalorisation, sans postes fléchés, cette réforme risque de rester théorique.

De plus, la coordination interprofessionnelle devra rester une priorité. Supprimer les formations communes entre médecins et infirmiers, comme le propose le texte, peut nuire à la collaboration sur le terrain.